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En tête à tête avec... Stéphan JEUNET (arbitre, district)

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Stéphane Jeunet, comme le dit le slogan, est « au cœur du jeu » à vivre ses rencontres de passion et d’intensité. Respecté sur tous les terrains du Tarn et Garonne, il a su, au fil des saisons, imposer une vision de l’arbitrage qui ne se limite pas à l'utilisation de son sifflet. Sa musique est une touche de pédagogie, de savoir vivre mais surtout de savoir faire pour mener ses musiciens à composer une belle et douce partition. (par Michaël Dominince)
En tête à tête avec... Stéphan JEUNET (arbitre, district)
Stéphane, comment se passe l’avant saison pour les arbitres ?
Tout d’abord, nous recevons un planning de la part de ligue Midi-Pyrénées. Nous essayons de nous y tenir au mieux afin d’être prêt pour le début de saison. A l’image de la préparation physique des joueurs, on se prépare afin d’être dans les meilleures dispositions pour la reprise des compétitions. Pour parfaire notre condition, on fait des footings, du fractionné, des courses à reculons et du gainage. Ça ressemble à ce qui se pratique en club. Mine de rien, on peut courir davantage que les joueurs et faire huit ou neuf kilomètres durant une rencontre, il faut s’atteler pour répondre à ce genre d’effort. Après, chacun est amené à se gérer. De mon coté, j’aime pratiquer de la course à pied ou du vélo qui est moins traumatisant pour mes douleurs au genou.

Combien de matchs un arbitre est-il amené à diriger durant la saison ?
Hormis les deux premières années d’arbitrage, où il est demandé de faire un minimum de dix rencontres, on doit par la suite participer à un minimum de vingt rencontres. Mais ces chiffres peuvent vite doubler, avec les matchs de coupe, faire plusieurs rencontres dans un week end…
Pour ma part, il n’est pas rare que j’officie sur pas moins de quatre ou cinq rencontres durant les matchs amicaux de pré-saison. Cela rend service aux clubs et nous permet à nous, arbitres, de peaufiner notre entrainement personnel.

"je dirige une rencontre de la même façon que je sois contrôlé ou non."
En tête à tête avec... Stéphan JEUNET (arbitre, district)
Comment est suivie votre performance tout au long de la saison ?
Tous les arbitres, tous niveaux d’arbitrage confondus, sont amenés à passer un diplôme chaque saison. En général au mois d’avril-mai nous passons un écrit qui est la partie théorique de l’évaluation. Ensuite, nous sommes contrôlés au moins sur deux matchs (pour deux notes), voir plus si un besoin particulier se fait ressentir. Enfin, il y a une partie qui évalue notre condition physique et une note donnée par la commission d’arbitrage. Ces cinq notes distinctes aboutissent à une note générale permettant de classer les arbitres ou de juger notre niveau.

Ce système de notation vous rajoute-t-il une pression supplémentaire à l’occasion de vos matchs ?
Il est peut-être possible que ça influe sur nos prestations en début de carrière. Mais au fil des saisons on fait vite abstraction de tout cela. Il est normal que nous soyons contrôlés et aujourd’hui je dirige une rencontre de la même façon que je sois contrôlé ou non.

Lors d’un match qui nécessite un trio arbitral, comment fonctionnez-vous ensemble ?
On fonctionne naturellement, il est important de se soutenir, de soutenir l’arbitre qui officie au centre, lequel soutient ses accesseurs dans leurs décisions. Il faut savoir qu'il y a toujours au moins deux arbitres qui ont le même niveau d’arbitrage. Les niveaux sont district 1, 2, 3 et 4 pour notre football départemental. Par exemple, lors d’un match d’Excellence si deux arbitres de niveau district 1 sont accompagnés d’un arbitre de niveau district 2 cela permet au deuxième arbitre de même niveau (district 1) de reprendre le flambeau en cas de problème physique. Le match pourra reprendre avec un niveau d’arbitrage semblable et éviter de perturber la rencontre.

Au fil des ans, parvenez-vous à garder votre passion intacte ?
L’arbitrage me procure du plaisir et j’apprécie notamment le coté management de la tâche. Il faut savoir gérer les 26 joueurs ainsi que les coachs et dirigeants tout en gardant le cap. C'est-à-dire mettre en place un fil conducteur, s’y tenir pour amener la rencontre à son terme dans les meilleures conditions possibles et développer un bon contenu. C’est tout un travail qui ne repose pas uniquement sur les coups de sifflet, il y a la réflexion et les décisions et l’interaction avec tous les acteurs et composantes aléatoires d’un match.

"Pour la vidéo, pour le carton blanc..."
En tête à tête avec... Stéphan JEUNET (arbitre, district)
En raison des enjeux, les fins de saisons sont-elles plus difficiles à manœuvrer ?
Comme les fins de matchs, les fins de saisons débouchent toujours sur des situations délicates à gérer. Les clubs luttent pour obtenir une accession, éviter une relégation, marquer le but qui pourrait tout changer… Cela fait partie du métier et, comme d’autres parties de nos fonctions, on s’y accommode.

Les comportements sont-ils de plus en plus dur à canaliser ?
La nouvelle génération n’est pas évidente à gérer mais chaque génération comportait ses spécificités. Les mots ou les actes sont peut-être plus virulents et il faut être vigilant à ne pas laisser une rencontre dégénérer.
Je pense que le travail des éducateurs à ce niveau est plus qu’essentiel. Ils doivent apprendre dès le plus jeune âge à leurs joueurs de jouer avec leurs pieds et non avec leur bouche. J’aimerai que davantage d’éducateurs de jeunes soient diplômés pour aller plus loin dans cet apprentissage.

Quels conseils apporteriez-vous à une personne se dirigeant vers l’arbitrage ?
Il faut qu’un arbitre face ressortir sa personnalité et qu’il ne soit pas timide ou en retrait. La personnalité est très importante et il faut en avoir pour s’imposer durant une rencontre. Ensuite, ne pas négliger la condition physique et sa connaissance sur les lois du jeu. Cela permet d’aborder plus sereinement une rencontre qui comporte d’autres aspects à gérer. Enfin, un joueur qui a joué plusieurs saisons même au niveau district aura des bagages supplémentaires dans l’assimilation de ce nouveau rôle et dans l’application qui en découle.

Pour ou contre la vidéo ?
Pour, dans le sens où il y a trop de tricheurs. La vidéo permettrait de sanctionner et de corriger les attitudes qui tournent autour de la tricherie. Par exemple, lors d’une simulation qui pourrait provoquer un pénalty...

Pour ou contre le carton blanc qui devrait être testé cette saison en Excellence ?
Pour, c’est une très bonne idée que je soutiens depuis longtemps. A l’image du carton jaune en rugby, cela permettrait de calmer différemment les joueurs. Le joueur de rugby ne conteste pas ce genre de sanction (dix minutes d'exclusion temporaire) à nous aussi de la faire accepter. Ce carton permet d’intervenir sur des fautes antisportives et non plus exclusivement sur les fautes liées à des contacts physiques entre joueurs.

Enfin, un arbitre est-il sensible à la prestation de ses homologues professionnels lors d’une rencontre télévisée ?
Personnellement, pas du tout. Je m’explique. D’abord, je n’ai pas la prétention d’arbitrer un jour à leur niveau ou d’avoir leur niveau pour me comparer à eux. Ensuite, la surmédiatisation de leurs faits et gestes met en avant les joueurs sur les écrans, des joueurs qui protestent et qui laissent exprimer leur désaccord de manière trop irrespectueuse. Ces images desservent notre football local, et l’on ne peut s’étonner de voir ses attitudes se répéter sur et aux abords des terrains amateurs. Il est évident que cela durcit notre mission et c’est bien dommage. Il faut offrir de meilleurs exemples aux plus jeunes et futurs licenciés.

Propos recueillis par M.D.

Stéphane Jeunet
45 ans
Parcours
Joueur : Montpezat, Puylaroque, Caussade
Educateur : Montpezat-Puylarique, école de foot (pendant 18 ans)
Arbitre : district (depuis 2004)
Profession : artisan Boulanger Pâtissier


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